Fin janvier 2021, la préfecture de l’Orne ordonne l’arrêt temporaire du parc éolien d’Echauffour près de la commune de L’Aigle. Le motif : trop de bruit. C’est la première fois en France qu’une telle décision est rendue. Le fait est que le niveau sonore dépasse le seuil acoustique autorisé.

Mise en service deux ans plus tôt, le parc éolien perturbe les riverains, qui se plaignent d’acouphènes et d’insomnies. La préfecture a donc a décidé d’arrêter les éoliennes, de façon temporaire, le temps de mener un audit complet du parc éolien : « Les dépassements identifiés en termes de bruit, se sont produits à plusieurs reprises, alors qu’il y a eu des plans pour brider les éoliennes », explique la sous-préfète d’Argentan, Christine Royer. « Malgré ça, la situation n’est toujours pas satisfaisante. C’est pourquoi nous avons pris cette mesure d’urgence, assez exceptionnelle, de suspension du parc éolien. » Cela s’annonce compliqué, pour le maire de la commune, Didier Duvaldestin : « la nuit, nos éoliennes étaient déjà bridées au maximum, et malgré cela les bruits mesurés sont au-delà des normes admissibles ». Pour lui, il n’y a pas de bonne solution. Les éoliennes dégradent la qualité de vie de ses administrés. Mais elles sont aussi une bonne source de revenus. Elles rapportent 60.000 euros par an de taxes à la commune et la communauté de communes, alors que les dotations de l’Etat ont beaucoup baissé ces dernières années (1).

En effet les promoteurs d’éoliennes ciblent de façon prioritaire et stratégique ce type de commune aux rentrées fiscales très maigres, comme le rapport Fabien Bouglé dans une interview donnée à Sud Radio (2). Il ajoute également qu’il y aussi des infrasons qui ne sont pas détectés par l’oreille humaine et qui peuvent générer ce qu’on appelle le « syndrome éolien ». Ces infrasons créent des problèmes cardiovasculaires, des cancers, des acouphènes et des insomnies dans un rayon de 20 km autour des installations éoliennes. Ces phénomènes ont été observés dans le monde entier. Une fondation ne s’occupe même que de cela en Australie. Même l’Allemagne a réduit de 80% sa construction d’éoliennes, suite notamment à un avis défavorable de son académie de médecine. L’enthousiasme ne doit pas faire oublier la raison…

Après les moulins à vent, les éoliennes…

L’éolien pose un gros problème d’intermittence. C’est une lapalissade : le vent souffle où il veut comme chacun le sait. Il faut donc souvent avoir recours aux centrales à pétrole, au gaz ou au charbon dans les pays où le nucléaire est absent, ou considérablement réduit par choix. Comme en Allemagne donc, où malgré 500 milliards d’euro de dépenses, il n’y avait pas eu de baisse d’émissions de gaz à effet de serre. C’est même une hausse en fait dans les pays qui jouent à l’éolien. CQFD : on pollue donc au nom de l’écologie… Un comble. Et si on a un peu froid l’hiver par solidarité pour le climat, ce sera sans moins polluer !

Que pensez des orientations de la politique énergétique en France lorsque Barbara Pompili, ministre de la Transition Ecologique de 2020 à 2022 affirmait que c’est à cause de notre électricité nucléaire qu’il va y avoir un black-out et qu’on pouvait aller vers un scénario 100% renouvelable dans notre pays ? Comment réussir cela avec de l’intermittence ? Comment ne pas se poser la question d’un noyautage de ce ministère par les lobbies ? Quid du cas de l’OFATE (Organisation franco-allemande de la transition énergétique), très bien introduit à Paris ?

Ce lobby, dont la vocation est de soutenir la filière industrielle des énergies renouvelables, est composé de syndicats professionnels éoliens comme France Énergie Éolienne ou le Syndicat des énergies renouvelables et leurs semblables allemands, ainsi que de nombreux représentants des promoteurs éoliens comme ENERCOM, NORDEX, H2R… De manière beaucoup plus surprenante, il compte aussi le ministère de l’Écologie français et le ministère de l’Économie et de l’énergie allemand (3). En étudiant les informations officielles disponibles sur cette association d’influence, nous découvrons que son financement est réalisé à hauteur de 38,5 % par les ministères concernés et que le bureau de représentation en France est situé à la Défense dans les locaux du ministère de l’Écologie. L’OFATE est donc un lobby de défense de l’industrie éolienne financé et abrité par le gouvernement français, tout en étant une association de droit allemand. Or économiquement, c’est l’Allemagne qui est le pays le plus motivé par le développement des éoliennes, dont il est l’un des plus importants exportateurs dans le monde. La localisation de l’OFATE dans les locaux du ministère fédéral de l’Économie et de l’énergie montre bien qu’il s’agit en réalité d’une structure d’influence allemande dont l’objectif est de développer son économie des énergies renouvelables en France. Cet exemple montre qu’au sein même des ministères, très officiellement, des lobbyistes de l’écolo-business agissent en toute liberté pour faciliter l’essor de l’éolien. Une gouvernance parallèle se met en place au profit des industriels du vent. En mars 2019, la sénatrice Anne-Catherine Loisier avait d’ailleurs interrogé le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, sur ce lobby financé par le gouvernement et abrité dans les locaux de son ministère. Question restée sans réponse (3).

«On ne peut qu’être édifié de voir Jean-Louis Bal, ancien directeur de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), établissement public dépendant du ministère de l’Écologie et actif dans la promotion de l’éolien, être nommé président du SER (Syndicat des énergies renouvelables) la principale structure de lobbying des promoteurs éoliens en France. Ces liens entre élus, partis politiques, lobbyistes, ONG et associations environnementales, et industriels éoliens créent un système imbriqué dont le seul objectif est de faire un maximum d’argent en profitant de la manne des fonds publics débloqués au nom de la transition écologique. Cette part gigantesque du gâteau mérite bien quelques arrangements entre « amis »… (3)

Sacrifice de la nature au nom de l’écologie…

Dans la guerre idéologique que se livre l’humanité actuelle, il y a fort à parier que l’éolien continuera à être promu par la logique en cours et ses défenseurs. C’est dramatique.

Alors, que faire ? Privilégier l’éolien en mer ? La solution semble apporter son lot de calamité d’une autre nature. En effet, les éoliennes offshore (qui ne sont pas réellement offshore puisqu’elles sont plantées très proche des côtes) génèrent une destruction des fonds marins sur leur emplacement – environ 80 km2 de béton pour 60 éoliennes, excusez du peu – et anéantissent de fait des zones de pèche. De plus, les éoliennes du parc marin utilisent actuellement majoritairement la technologie des aimants permanents qui oblige à se servir de néodyme, un métal gris argent du groupe des terres rares, à raison d’une tonne par éolienne. Et de nombreux oiseaux sont victimes des pales de ces engins construits par les industriels du vent.

Nous apprenons beaucoup de nos erreurs. Nous allons apprendre beaucoup de l’éolien.

  1. https://www.francebleu.fr/infos/societe/dans-l-orne-la-prefecture-ordonne-l-arret-provisoire-d-un-parc-eolien-trop-bruyant-1611608379
  2. 28 janvier 2021. Entretien mené par André Bercoff.
  3. https://atlantico.fr/article/decryptage/les-liaisons-dangereuses-des-ong-des-lobbyistes-et-de-la-classe-politique-dans-le-domaine-des-eoliennes-fabien-bougle
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